L'interprofession des semences et plants
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Répondre à une demande alimentaire croissante

La filière semences fait face à deux défis : répondre aux besoins alimentaires d’une population croissante et gérer la réduction des surfaces agricoles. Sa réponse : créer de nouvelles variétés. Proposer des plantes moins gourmandes en eau, plus résistantes aux maladies et insectes et aux qualités nutritionnelles supérieures.

La nécessité de produire plus

La population mondiale est en progression constante. La demande alimentaire augmente donc nécessairement chaque année. La FAO (The Food and Agriculture Organization of the United Nations) estime qu’il faudra augmenter de 70 % la production alimentaire d’ici à 2050 pour nourrir les 2,3 milliards de personnes supplémentaires que comptera notre planète. Chaque année, les besoins en grains augmentent d’environ 30 millions de tonnes. C’est pourquoi la filière semences est en première ligne pour répondre aux enjeux de production et d’approvisionnement induit par cette évolution démographique.

Des surfaces agricoles en diminution

Concomitamment à l’augmentation de la population mondiale et à celle de la demande en production alimentaire, on assiste à un phénomène de constante diminution des surfaces agricoles cultivées. En France, les surfaces agricoles cultivées occupaient 34 millions d’hectares en 1950 contre seulement 27 millions d’hectares en 2016. Et cette tendance s’est encore accentuée depuis… Les agriculteurs se trouvent donc confrontés à la nécessité de produire davantage avec moins de surfaces cultivables.

La création de nouvelles variétés : enjeu de production

D’autres phénomènes viennent compliquer la donne. En premier lieu, les aléas climatiques (sécheresse, gel, etc.) et la limitation de la ressource eau. Afin de permettre aux agriculteurs de répondre aux besoins alimentaires de la population, malgré ces contraintes, la création variétale ‒ en amont de la production ‒ oriente ses recherches autour de la mise au point de variétés offrant un meilleur rendement dans des conditions de développement difficiles pour la plante.

La sélection classique, dont l’obtention d’hybrides à partir de croisements entre parents mieux adaptés aux nouvelles conditions climatiques, sont largement utilisées. Parallèlement, les chercheurs s’emploient à identifier des gènes impliqués dans les phénomènes de résistance à la sécheresse afin de les transférer dans des plantes sensibles au manque d’eau, en particulier le blé et le maïs. Des chercheurs américains sont ainsi parvenus à introduire dans le maïs un gène, isolé d’une bactérie naturellement présente dans le sol, qui aide la plante à se développer pendant les périodes d’insuffisance en eau. Les essais réalisés en plein champ montrent que les variétés de maïs ainsi modifiées présentent un rendement supérieur moyen de 7 à 15 % en condition de déficit hydrique. Outre les céréales, ces différentes approches sont mises en œuvre pour améliorer la tolérance à la sécheresse du soja, du tournesol, du pois chiche ou des lentilles. En France, c’est le cas, par exemple, du projet Sunrise, lancé par INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) dans le cadre du programme d’investissements d’avenir. Sunrise a pour objectif d’améliorer la production en huile des cultures de tournesol en condition de manque d’eau.

Améliorer les apports nutritionnels des productions végétales

Autre axe de progression pour la recherche : l’augmentation des apports nutritionnels dans les aliments. L’huile de colza, aujourd’hui vantée pour ses qualités diététiques, est le fruit de nombreuses années de sélection ; ce travail a permis de réduire de manière drastique le taux en acide gras érucique (un composé nocif à de hautes teneurs), ainsi que sa teneur en glucosinolates (composés soufrés de saveur amère également présents dans la graine de colza). Grâce au travail des sélectionneurs, la graine de tournesol voit quant à elle ses taux en huile atteindre les 60 %, avec une réduction des acides gras saturés et une augmentation de la teneur en vitamine E.

Les sélectionneurs s’attachent également à améliorer la qualité des aliments destinés aux animaux d’élevage. Ils travaillent, par exemple, à améliorer la digestibilité de la fétuque élevée et du dactyle, deux espèces couramment utilisées dans les prairies du fait de leur rusticité et de leurs propriétés de résistance à la sècheresse et aux maladies. Ils s’intéressent également aux associations fourragères pour la création de mélanges composés de plantes se complétant bien sur le plan nutritionnel et adaptées à la production de foin riche en fibres.

 

« Nous avons mis au point une huile de lin adaptée à la consommation humaine avec une bonne teneur en oméga 3 pour la santé cardio-vasculaire et une présence de vitamine E en tant qu’antioxydant. »
Reynald Tavernier – LINEA Semences de lin

« Chaque année, les semenciers mettent au point des nouvelles variétés utiles à l’agriculture, que ce soit en termes agronomiques ou économiques. Il y a beaucoup d’exemples de progrès résultants de l’amélioration végétale : amélioration du rapport oméga 3/oméga 6 pour le colza, augmentation de la teneur en protéines du soja, etc. »
Patrice Jeanson – EURALIS

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